Au nord du Mali, la situation humanitaire des populations déplacées et résidentes est alarmante, et le flux de déplacés aggrave l’insécurité alimentaire dans d’autres régions du pays non directement touchées par les violences armées. Le CICR a commencé à distribuer des vivres à plus de 23 000 déplacés dans la région de Mopti, au centre du pays, ainsi que du carburant aux deux grandes villes du nord, Tombouctou et Kidal.
« Au Mali, la solidarité des populations résidentes envers les déplacés est remarquable. Les habitants partagent le peu qu’ils ont avec les déplacés, témoigne Juerg Eglin », chef de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger. « Il faut rapidement soulager les efforts des résidents en apportant une assistance rapide dans les zones qui connaissent un afflux de déplacés », ajoute-t-il. Au nord particulièrement, la situation humanitaire est très préoccupante pour des centaines de milliers d’habitants des centres urbains, mais aussi pour les agriculteurs et les éleveurs à la veille de la saison agricole, car le pays traverse une grave crise alimentaire.
Quelque 32 000 personnes déplacées dans la région de Mopti
Dans la région de Mopti, au centre du pays, où il vient d’ouvrir un bureau, le CICR estime à quelque 32 000 le nombre des personnes qui ont fui les violences plus au nord. Ces personnes sont essentiellement logées dans des familles d’accueil. Pourtant, par suite des mauvaises récoltes de l’année dernière, la région manque de céréales. Dans certaines localités, les dernières réserves sont épuisées depuis longtemps et des familles commencent à cueillir des feuilles d’arbres pour se nourrir. L’afflux massif de déplacés aggrave de ce fait une situation alimentaire qui était déjà difficile.
En collaboration avec la Croix-Rouge malienne, le CICR a entamé le 23 mai une distribution de vivres pour plus de 23 000 déplacés dans les cercles de Djenné, Bandjagara, Bankass et Koro dans la région de Mopti. La semaine dernière, la Croix-Rouge malienne, avec le soutien du CICR, a également distribué du riz et du mil à quelque 9 000 déplacés, ainsi que des articles ménagers essentiels à 1 200 familles de déplacés dans les régions de Sikasso, Ségou et Mopti.
Maintien de l’approvisionnement en eau à Tombouctou et Kidal
Dans les villes de Tombouctou et de Kidal, l’eau potable risque de manquer dans les jours à venir. Faute de carburant pour alimenter les générateurs qui font fonctionner les pompes des forages et les stations de traitement, la production d’eau potable sera interrompue, privant d’eau potable les habitants de ces deux grandes villes du nord du Mali. Pour éviter une telle situation, dont les conséquences humanitaires seraient dramatiques pour des milliers de personnes, le CICR a décidé de fournir du fuel pour alimenter les deux générateurs des deux villes. À Gao déjà, où le CICR soutient l’hôpital de la ville, l’institution approvisionne la centrale électrique en fuel depuis le 8 avril afin d’assurer la production d’eau potable.
Des agriculteurs et des éleveurs aux prises avec de grandes difficultés
Par suite des mauvaises récoltes de la campagne 2011/2012, les stocks sont au minimum et les agriculteurs ne peuvent pourvoir à leurs besoins alimentaires sans assistance. Pour les éleveurs, la campagne pastorale est également loin d’avoir répondu aux attentes. Le bilan fourrager est déficitaire et perturbe sérieusement les mouvements de bétail sur les marchés et les parcours pastoraux. Par ailleurs, l’insécurité empêche les acheteurs de se déplacer et les éleveurs n’arrivent plus à vendre leur bétail au Mali et dans les pays de la région. Étant donné que le manque de fourrage réduit chaque jour un peu plus la capacité des animaux à se déplacer à la recherche de rares pâturages et d’eau, les éleveurs sont obligés de les brader auprès des rares acheteurs qu’ils peuvent encore trouver sur les marchés locaux.
De manière générale, l’accès aux céréales reste un problème crucial pour les populations du nord. L’approvisionnement est fortement perturbé par le conflit et l’insécurité, et sur les marchés locaux, les prix des denrées de première nécessité croissent de façon exponentielle. Dans les centres urbains, les banques ne fonctionnent plus, les travailleurs ne perçoivent plus leur salaire, le pouvoir d’achat s’effrite inexorablement, et l’accès aux produits et services sur les marchés s’avère très difficile faute d’argent comptant.
« Il faut absolument que nous puissions avoir accès à ces populations dont les besoins sont énormes et urgents. Il faudra d’une part donner des semences aux agriculteurs pour qu’ils puissent cultiver leurs champs et espérer une récolte cette année, et d’autre part approvisionner les éleveurs en aliments pour bétail tout en procédant à un déstockage d’urgence et au traitement vétérinaire afin de préserver le reste du cheptel », estime Juerg Eglin.
Transfert de détenus libérés
En sa qualité d’intermédiaire neutre, le CICR a facilité le retour de huit personnes originaires du nord du pays libérées à Bamako où elles étaient détenues en lien avec la crise qui touche le nord du pays. Après avoir transité par Niamey, ces personnes ont pu retrouver leur famille à Gao ce vendredi 25 mai. Pendant leur détention à Bamako, elles ont été visitées deux fois par le CICR.
Informations complémentaires :
Germain Mwehu, CICR Niamey, tél. : +227 97 45 43 82
Jean-Yves Clémenzo, CICR Genève, tél. : +41 22 730 22 71 ou +41 79 217 32 17
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